jeudi 3 mai 2012

Les scores des cinq premiers candidats par taille de commune.


source :
Résultats par commune élection présidentielle 2012 - Tour 1
Ministère de l'Intérieur
data.gouv.fr



Même ambition qu'hier : questionner l'idée que "les villes votent plutôt à gauche et les campagnes plutôt à droite".

Mais au lieu de regrouper des communes par tranches de taille, on les regroupe selon des tranches dont les nombres d'électeurs sont équivalents !

Autrement dit, on découpe ici la population en dix parts égales (les "déciles"). Comme il y a 43,2 millions d'inscrits (France métropolitaine), chaque décile en compte donc 4,32 millions. Puis on constitue chaque tranche en assemblant des communes de tailles proches.

Chaque décile porte sur des communes dont le nombre d'inscrits est supérieur à celui des communes du décile précédent. Concrètement : le premier décile compte les 4,32 millions de personnes inscrites sur les listes électorales des communes comptant le moins d'inscrits (de 6 à 441). Le second décile compte les 4,32 millions de personnes inscrites dans les communes suivantes (de 441 à 904 inscrits). Et ainsi de suite jusqu'au dixième décile, qui compte les 4,32 millions de personnes inscrites dans les plus grandes villes (de 81 619 à 1 253 322 inscrits).

Un mot sur un biais résiduel de ce mode de découpage : les petites communes située aux abords immédiats des grandes villes sont automatiquement situées dans les premiers déciles, alors même qu'elles font souvent partie d'un même ensemble urbain. C'est le cas par exemple des villes de la petite ceinture autour de Paris. Le vote de ces communes est vraisemblablement plus comparable à celui de la grande ville voisine qu'à celui des petites communes en zone rurale. Si on corrigeait ce biais (par exemple en déplaçant les communes des départements 92-93-94 vers les derniers déciles), il est donc aussi vraisemblable que la dynamique en serait encore accentuée. Je fais néanmoins le choix de ne pas effectuer ici de correction de ce type.

Cette fois-ci, la dynamique est réellement flagrante !
- Le vote "Hollande" est étroitement corrélé à la taille de la commune. Il va de 24% parmi les 4,32 millions d'inscrits des plus petites communes, jusqu'à plus de 32% parmis les 4,32 millions d'inscrits dans les plus grandes.
- Le vote Mélenchon suit une dynamique similaire, même si c'est moins marqué.
- Le vote "Le Pen" va exactement dans le sens opposé : de 22% dans le 1er décile à 12% dans le dernier.
- En revanche, le vote "Sarkozy" ne suit pas de logique de ce type : dans cette répartition, il y a à peine plus de deux points d'écart entre le score le plus faible (25,94% dans le 8e décile) et le score le plus élevé (28,19% dans le 10e décile). Et surtout, la tendance dessinée d'un décile à l'autre est grosso modo linéaire.
- Il en est de même pour le vote Bayrou.

Deux croisements méritent d'être relevés dans ce graphe :
- le croisement des votes "Hollande" et "Sarkozy" entre les 4e et 5e déciles. Ceci se produit au seuil des communes de 2900 inscrits.
- le vote "Mélenchon" qui est supérieur au vote "Le Pen" dans le dernier décile.

En complément statistique, voici comment est constitué chacun de ces dix déciles :